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Extrait : page 41 à 43
Rebecca, une ame en cours d'incarnation racconte son parcours
« Je voulais vous parler de ma mère... Mon père, c'est un peu plus difficile, il n'est pas encore venu me voir. De toute façon, c'est ce que je voulais avant tout vous dire : elle et moi nous nous sommes vraiment rencontrées. »
« Que s'est-il passé au juste ? Comment est-elle parvenue jusqu'à toi ? »
Rebecca change alors de ton. Elle paraît avoir soudainement gagné une énergie nouvelle et, d'un geste des mains qui lui est devenu familier, elle tire lentement en arrière son épaisse chevelure noire comme pour la réunir en une seule coulée.
« Oh, dit-elle, elle ne l’a pas fait volontairement ! Cela a pu s’arranger tout naturellement pendant qu’elle dormait. Mes amis d’ici m’ont dit qu’elle n’avait pas la notion du type de voyage que doit accomplir une âme pour revenir sur Terre, alors c’est inconsciemment que tout s’est passé pour elle. »
« Tu veux dire qu’elle n’a pas le souvenir de t’avoir rencontrée ? »
« Cela, je ne le sais pas encore. Je voulais simplement vous expliquer qu’elle n’a pas dirigé avec sa volonté la projection de son corps de lumière jusqu’à moi. Celui-ci s’est seulement glissé jusqu’à cette petite bulle de paix durant son sommeil… de façon à ce que nos âmes puissent commencer à échanger un peu d’amour. Rien que pour cela… car nous n’avons pas réussi à nous dire grand-chose ! »
« Mais, est-ce toi qui l’as appelée ainsi ? »
Rebecca se met à sourire et nous lisons quelque malice dans les plis amusés de ses yeux.
« Oui, je l’avoue, c’est vrai ! Mais il n’y a pas de mal à cela… Je crois savoir que nous agissons tous de la sorte lorsque nous redescendons. Il y a un peu de curiosité, bien sûr, à vouloir précipiter ce premier contact, mais c’est surtout, je crois, j’en suis sûre, une volonté d’aimer et de se faire aimer ! Une volonté d’être accepté très vite, très très vite… La plupart de ceux que j’ai connus dans cette vie qui suit ce qu’on appelle la mort m’ont dit avoir souffert du manque de sensation d’être suffisamment aimés sur Terre. Moi aussi d’ailleurs, c’est toujours la crainte que j’ai. Il y a en moi et en nous tous, semble-t-il, une sorte de blessure très vieille qui n’est pas tout à fait cicatrisée. »
« Peut-être faut-il d’abord commencer par aimer si l’on veut recevoir davantage d’amour. »
« J’en suis consciente mais j’ai une telle soif de vivre cette vie mieux que la précédente, de mieux y être, que je crains un peu d’oublier tout cela. Ma peur, c’est sans doute de trop vouloir demander et de ne pas réussir à donner assez… »
« En tout cas, voyez-vous, ma mère a entendu mon appel et si elle a pu me rejoindre, c’est parce qu’il n’y avait pas de barrage en elle, c’est-à-dire pas de tension, pas de rejet de sa situation.
Il s’agit, bien sûr, de ce que vous appelleriez au départ un “appel télépathique” que j’ai lancé pendant son sommeil, cependant cela va plus loin parce qu’une telle émission de pensée engendre une sorte de courant électromagnétique qui crée lui-même une voie d’accès, un fil d’Ariane facile à suivre pour celui qui perçoit l’appel.
À vrai dire, je redoutais un peu cet instant, mais finalement ce fut tout simple. Nous nous sommes trouvées l’une face à l’autre, elle un peu engourdie et moi, les sens tellement décuplés… Je n’avais pas la sensation qu’elle allait être ma mère. C’était plutôt une sœur ou une amie qui apparaissait, je ne sais pas ! »
« As-tu eu la certitude que tu la connaissais déjà, que tu vivais des retrouvailles ? »
« Cela vraiment, je ne le sais pas. Plus j’y pense, plus je la conçois à nouveau comme ma sœur, c’est tout ce que je peux dire. Si nous avons une histoire commune, elle doit être très ancienne. Enfin, peu importe. Je crois avoir compris que nous ne devons pas chercher coûte que coûte à percer tous nos secrets. L’oubli est quelquefois un garde-fou extraordinaire, ne pensez-vous pas ? »